Les dépenses et la privation énergétiques en Wallonie
Regards statistiques n°15
La précarité énergétique est particulièrement présente en Wallonie. Il s’agit de la région belge la plus touchée par ce phénomène. Par exemple, en 2023, 11,3 % de la population wallonne (environ 410 000 personnes) déclare devoir faire face à des difficultés financières pour chauffer correctement son logement, contre 2,3 % en Flandre (environ 150 000 personnes) et 10,0 % à Bruxelles (environ 120 000 personnes). Cette position de la Wallonie est surprenante, car pour la plupart des autres indicateurs de précarité ou de pauvreté, c’est Bruxelles qui se situe dans la position la plus défavorable.
Ce numéro de Regards Statistiques explore cette question à travers trois indicateurs: le montant des factures d’énergie – c’est-à-dire de chauffage et d’électricité –, qui permet d’identifier les ménages qui dépensent beaucoup et ceux qui dépensent peu; le ratio de ces dépenses par le revenu net du ménage, qui permet d’estimer le poids de l’énergie dans le budget des ménages; la privation énergétique, mesurée en identifiant les ménages qui déclarent ne pas avoir les moyens financiers de chauffer correctement leur logement ou de payer leurs factures.
L’analyse de ces trois indicateurs nuance le schéma causal suivant largement répandu : les plus pauvres habiteraient des logements pas ou peu isolés thermiquement, appelés «passoires énergétiques»; par conséquent, ils auraient des factures d’énergies élevées; ces montants élevés combinés à leur faible revenu impliqueraient que les dépenses d’énergie occuperaient un poids important dans leur budget total; cette part élevée conduirait à de la précarité énergétique.
La réalité sociale du phénomène de précarité énergétique est plus complexe. Le montant absolu des dépenses dépend plus de la taille du logement que de la qualité de son isolation. Par conséquent, les ménages aisés (qui habitent dans de grands logements bien isolés) ont des dépenses en énergie légèrement plus élevées que les ménages pauvres (qui habitent des petits logements mal isolés). En outre, les ménages pauvres se privent plus souvent d’énergie (et ont donc plus souvent froid), en particulier quand ils habitent des passoires énergétiques; ce qui diminue aussi leurs dépenses.
Écoutez le podcast consacré à cette étude ici: https://www.podcastics.com/podcast/episode/depenses-et-privation-energetique-en-wallonie-350240/
Edition : N°15 Langue : fr Format : A4 Prix : Gratuit Nombre de page : 56