Articles des Nouvelles des Possibles

En Belgique, l’exercice le plus récent portant sur des trajectoires de transition à l’horizon 2050 est l’étude réalisée en 2021 par le bureau CLIMACT (en collaboration avec le VITO et Espaces-Mobilités), pour le compte du SPF Santé Publique (DG Environnement). Elle se base sur un outil de modélisation, le 2050 Pathways Explorer, qui permet de simuler différents scénarios de réduction des émissions, en actionnant une série de leviers entre un niveau 1 (correspondant à une trajectoire « business-as-usual ») et un niveau 4 (le plus ambitieux en termes d’évolution).

Le rapport propose un scénario tendanciel (« REFERENCE ») et quatre scénarios de transition, dont la valeur est surtout illustrative. Dans le cadre de cette note de veille, il est intéressant de noter que les deux scénarios les plus polarisés ne sont pas sans présenter un air de famille avec les scénarios extrêmes de l’ADEME : le scénario « BEHAVIOUR » met l’accent sur des changements comportementaux (en termes de mobilité, de logement ou d’alimentation), tandis que le scénario « TECHNOLOGY », s’appuie davantage sur les développements technologiques (hydrogène, capture du carbone, biocarburants). On retrouve là, d’une certaine manière, l’oscillation entre sobriété et innovation qui structurait le gradient des scénarios français. Comme chez ces derniers, un scénario central, « CORE 95 » (qui doit atteindre 95% de réduction des GES en 2050), représente un point d’équilibre entre ces deux pôles. Quant au quatrième scénario, « HIGH DEMAND », il propose, comme son nom l’indique, une analyse des impacts qu’entraînerait une demande élevée d’énergie sur l’offre d’énergie.

Scénarios pour une Belgique climatiquement neutre en 2050 (SPF Santé Publique – DG Environnement, 2021)

Source : CLIMACT-VITO-Espaces Mobilités

Les enseignements de l’étude belge recoupent largement celles de l’IEA et de l’ADEME : aucune trajectoire vers la neutralité carbone en 2050 n’est réalisable sans impliquer de profonds changements systémiques. Tous les scénarios envisagés par le bureau CLIMACT nécessitent, en réalité, à la fois de nouvelles technologies et de nouveaux modes de production et de consommation. Pour certains secteurs plus difficiles à décarboner, comme l’industrie et l’agriculture, l’électrification ne suffira pas : ils devront compenser leurs émissions par des émissions « négatives », notamment grâce au captage et au stockage du carbone. Tous les scénarios supposent par ailleurs des investissements conséquents en infrastructures, dont l’ampleur dépend naturellement de l’adoption plus ou moins profonde de modes de consommation plus économes en énergie, ou d’une transition plus ou moins rapide vers une économie circulaire.

En septembre 2024, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, ELIA, a publié un « Blueprint » sur le système électrique belge pour la période 2035-2050. Si elle ne porte pas sur des trajectoires de transition en tant que telle, l’étude se présente néanmoins comme la première quantification de l’ensemble du système énergétique belge, qui tient compte à la fois des « électrons » (l’énergie électrique directe) et des « molécules » (les vecteurs énergétiques gazeux ou liquides). À l’horizon 2050, ELIA table sur une transition depuis les énergies fossiles vers l’électrification – ou, si celle-ci n’était pas possible, vers des molécules bas carbone (comme l’hydrogène). Sur les vingt-cinq prochaines années, la Belgique verra à la fois une réduction de la demande énergétique de 25% à 40% (grâce à l’électrification), mais aussi une augmentation de la consommation finale d’électricité de 95% à 130%. Or, seulement la moitié de ces besoins futurs en électricité seront couverts, la source de l’autre moitié restant « à définir » (cf. « Message 3 », p. 18). Autrement dit, sans nouvelles mesures pour construire son « mix énergétique », la Belgique se retrouvera dans « le scénario le plus coûteux » (qui renforce sa dépendance aux importations). Le cap mis sur 2050 permet donc à Elia d’insister sur la nécessité de mûrir et mettre en place une stratégie de long-terme, pour laquelle il existe différentes options, étudiées par le gestionnaire de réseau (notamment l’éolien off-shore non-domestique). Pour ces projections, ELIA se base sur des modèles de scénarios, qui se différencient par l’intensité de l’électrification et donc, en corollaire, sur le gradient de diversification de solutions énergétiques : (1) un scénario « Global Ambition demand » (GA), qui repose sur une électrification modérée et une utilisation plus marquée de molécules (dans l’industrie et le transport – 30% des voitures et 50% des camions roulant à l’hydrogène) ; (2) un scénario « Distributed Energy demand » (DE), avec une électrification accentuée, et un maintien des molécules pour des applications spécifiques ; un scénario « Increased Electrification demand » (ELEC) impliquant, comme son nom l’indique, un haut degré d’électrification dans tous les secteurs, y compris le transport, les bâtiments et l’industrie.

Sources citées


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